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Michel Barnier entre dans le dur, cinq semaines après sa nomination. L’examen du projet de loi de finances pour 2025, présenté en conseil des ministres, jeudi soir 10 octobre, devant un président de la République silencieux, a débuté vendredi matin en commission des finances de l’Assemblée nationale. Dette abyssale, dérapage budgétaire incontrôlé, situation internationale explosive, marchés à la réaction imprévisible, balkanisation de l’Assemblée nationale, « c’est un peu le franchissement de l’Himalaya sans les moufles », compatissait par anticipation l’ancien premier ministre Bernard Cazeneuve (2016-2017), le 9 octobre, sur France 5.
C’est un budget de rigueur que Michel Barnier veut faire adopter par le Parlement d’ici à la fin de décembre, en rupture avec ceux de ses quatre prédécesseurs : moins de fonctionnaires, plus d’impôts pour les grandes entreprises et les plus riches, mise à contribution des retraités, ponction sur les collectivités locales doivent permettre de ramener le déficit public de 6,1 % à 5 % du PIB.
Si la gauche a dénoncé sans surprise un budget « d’austérité » et l’extrême droite un effort « très mal réparti » entre riches et pauvres, les critiques sourdent aussi du camp présidentiel, et notamment du groupe macroniste Ensemble pour la République (EPR, 95 députés) de la frêle majorité relative. « On soutient évidemment l’entreprise de redressement des finances publiques, dit au Monde le député Renaissance de Gironde Thomas Cazenave, ex-ministre délégué chargé des comptes publics dans les gouvernements d’Elisabeth Borne et de Gabriel Attal. Mais on n’est pas d’accord avec certains sujets, notamment l’augmentation des charges sociales pour les entreprises », qui fait repartir à la hausse le coût du travail, une rupture avec le logiciel macroniste.
Le gel des pensions de retraite passe mal également, tout comme la hausse des taxes sur l’électricité, « seule énergie décarbonée que l’on produise », rappelle un élu ; ou encore la surtaxe sur les profits des plus grandes entreprises, contre laquelle l’ex-ministre de l’intérieur Gérald Darmanin avait alerté, sur Franceinfo, le 3 octobre, au nom de l’attractivité de la France. Emmanuel Macron lui-même a jugé, mercredi 2 octobre, à Berlin, que la solution ne pouvait pas être de « surtaxer ». Le groupe macroniste hésite toutefois à porter le fer contre la hausse des impôts sur les grandes entreprises et les plus riches, a priori populaire.
Les relations ont été âpres, durant la préparation du budget, entre le premier ministre et les députés macronistes. Invité par son prédécesseur Gabriel Attal à s’exprimer mardi devant le groupe EPR, le premier ministre a « pris la mouche », selon un participant, alors qu’une députée soulignait sans malice que sa venue était attendue depuis longtemps. « Rien de méchant, mais il a fait preuve d’une étonnante susceptibilité pour un politique aussi aguerri », s’étonnait après coup un cadre du parti présidentiel. « Je suis assez spontané », a lui-même reconnu le locataire de Matignon, jeudi, devant les journalistes.
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